blog notes numéro 1.

Publié le par Adam Pianko

"L'aventure d'un livre, comment il s'écrit, comment il se publie, et comment on s'y prend pour le lancer."

Lorsque j'ai entrepris de démarrer ce blog, les deux premières étapes du programme étaient franchies. Le livre était écrit et publié. L'ennui, c'est que l'écriture m'avait pris si longtemps, que lorsque j'eus fini, plus personne ne m'attendait. Mon éditeur de départ, celui qui avait publié le premier, et qui m'avait signé un contrat pour celui-ci s'était lassé. Il avait même fermé boutique, mais là je n'y étais pour rien, sur ce point je dégage entièrement ma responsabilité. 

Faire photocopier son manuscrit en plusieurs exemplaires, les envoyer à des personnes soigneusement choisies, mais qui ne savent même pas que vous existez, guetter la boite aux lettres pendant des mois, chaque écrivain en herbe passe forcément pas ce chemin. Avec quatre livres à mon actif, dont un roman, je n'avais quant à moi plus rien d'un débutant, mais je dus l'emprunter de nouveau. J'appréhendais un peu cette situation, mais à l'usage, elle ne me déplut pas. Je m'aperçus qu'en fait, elle me rassurait. En envoyant mon texte par la poste, je perdais la certitude de le voir publié, mais je gagnais le sentiment que s'il l'était, il aurait pris une sérieuse option sur le succès. Car l'éditeur qui l'aurait choisi n'aurait d'autres raisons de le faire que les grandes qualités qu'il lui aurait trouvé,  et saurait forcément communiquer cette conviction.

En théorie, ce raisonnement se tenait, et je persiste à croire qu'il était bon. Mais il trouva devant lui une réalité injuste, avec laquelle je m'étais déjà confronté, et qui, avec le temps, s'était encore aggravée. Il se publie en France tellement de romans -  plus de six cent par exemple pour cette seule rentrée, que prétendre en sortir un du lot relève désormais  de l'exploit impossible, pour ne pas dire du Loto, même pour un éditeur important. Il n'y a que les spermatozoïdes en course vers leur ovule qui soient soumis à une si âpre compétition.

Ce blog est une réponse, une tentative de réponse en tous cas, à cet état de fait. Le 24 juin dernier, avec l'aide d'un ami, Michel Dunan, ci-dessus photographié, je mis en ligne un tout premier article. Dès le lendemain matin, les services statistiques de mon site hébergeur, qui travaillent pendant la nuit, me signalèrent un premier visiteur. 

UN visiteur, ce n'était pas beaucoup, mais c'était mieux que RIEN, rien étant alors mon chiffre de référence, le nombre non pas de lecteurs du livre, qui perdu dans la jungle des librairies, se défendait apparemment moins mal que j'aurais pu le redouter, mais le nombre d'articles qui en avaient traité, qui avaient signalé au grand public son existence, voire son contenu.

Il y avait plus de trois mois que   " Le Pavé originel " était en vente. Et presque cinq que les services de presse des éditions de La Martinière en avaient fait porter des exemplaires à tous les journalistes spécialisés. Pas un seul n'avait réagi.  Pas même ceux qui avaient salué mon précédent roman, paru il est  vrai il y a déjà quatorze ans, ni ceux dont j'attendais au moins qu'ils me donnent leur avis, soit parce que je les connaissais personnellement, soit parce que, comme Philippe Val, nous avions un ami commun.

 Journaliste, mais également chanteur, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo était venu se produire à l'Espace Julien, une petite salle de théatre à Marseille. Comme je vis dans cette ville, j'ai profité de l'occasion pour aller le relancer. Je l'ai attendu à l'entrée du théatre, et me suis avancé vers lui, tandis qu'il traversait le hall d'entrée. 

  - Vous vous souvenez de moi? On s'était vus, il y a quelques semaines ...

- Bien sûr. On s'est croisé aux  Bouffes du Nord, à la soirée de fin de spectacle de...

Il me cita le nom de notre ami commun, un artiste célèbre, acteur, humoriste, écrivain, auteur de ses propres spectacles, et aussi de recueils de nouvelles, ainsi que de romans.  

- Je ne sais pas si vous vous en souvenez, je vous avais donné.....

- Un livre. Comment aurais-je pu l'oublier ? Avec tout le bien qu'on m'en a dit! 

- Vous ne l'avez pas lu? 

- Pas encore, mais je compte m'y mettre  ... bientôt. 

J'allais lui demander ce qu'il entendait par là, mais il alla au devant de ma question.

- Je lirai votre roman, dit-il, dès que j'en aurais fini avec le texte de la Constitution.

Il ne parlait pas, bien sûr, de la Constitution française, mais du projet, dont tout le monde parlait alors, de constitution européenne, qui avait été rédigé par l'ancien président Giscard d'Estaing, et allait bientôt être soumis au vote des Français. Je savais que Philippe Val se tenait fermement dans le camp du "oui". Sans prendre une part active à ce combat, je me rangeais du même coté que lui.  Aussi ne soupçonnai-je pas que sa promesse n'était un avatar, politico-opportuniste, de l'expression  "à la Saint Glin Glin". 

L'aurait-il tenue, si le résultat du vote avait été différent? Autre question: Est-il finalement venu à bout du texte giscardien ?

Quant à mon texte à moi, moins important évidemment pour l'avenir du pays, mais également moins long à la lecture, et peut-être plus divertissant, si j'ose avancer une telle opinion,  je suppose que l'actualité, toujours riche en évènements nouveaux, en a amenés quelques uns sur le devant de la scène qui en ont détourné, très légitimement, ce journaliste consciencieux. De même qu'ils en ont détourné les chroniqueurs littéraires de Libération, du Monde, de l'Express, du Nouvel Obs, du Figaro, du Point, sans oublier ceux du Parisien, et même de TF1. PPDA ne m'avait jamais invité à aucune de ses émissions, mais il avait toujours eu à coeur d'accuser réception de chacun de mes précédents services de presse par un petit mot courtois, signé de sa main. 

Silence de mort donc du coté des journaux, radios, chaines de télévision. Mais du coté de mon blog, tous les espoirs me paraissaient permis, dès lors que dès le premier jour,  un premier visiteur s'était manifesté.  

J'ai découvert depuis que ce visiteur originel, c'était moi. Bloggeur tout à fait débutant, je n'avais pas compris que faute de prendre certaines précautions, mes propres visites pouvaient être comptabilisées!

Le lendemain de ce 24 juin,  nous fumes deux sur mon blog, moi et un inconnu, dont je ne saurai jamais comment il s'est retrouvé là, puis plus personne jusqu'à la fin du mois. Au début de juillet, les statistiques me signalèrent quelques frémissements, trois ou quatre visiteurs par jour, auxquels, bloggeur désormais averti,  j'évitais soigneusement de me mélanger. Et vers le dix, allez savoir pourquoi, les statistiques se sont mises à flamber. 

Oh! Très timidement! Pas de quoi faire de l'ombre au Code Vinci, ni au petit sorcier anglais. Mais à la fin juillet, vous étiez une bonne centaine à avoir cliqué sur "la premièrefois", à la mi août presque deux fois autant. Et votre nombre ne cesse d'augmenter, peut-être même plus vite que je ne m'y attendais.

Assis à mon clavier d'ordinateur, je rédige mon septième article. Un par semaine, si je compte bien, un rythme assez soutenu, qui ne sera peut-être pas facile à tenir, compte tenu de la ligne éditoriale que je me suis fixée. C'est en tous cas un travail astreignant. Hier soir, un ami avec qui je bavardais, s'est étonné de ce qu'il estimait être une perte de temps. 

- Tu ne ferais pas mieux, m'a-t-il demandé, de te mettre à un nouveau roman?.

- Faisons les comptes, lui ai-je répondu. Prends par exemple le journal Libération. A combien d'exemplaires tire-t-il ? Peut-être cent mille, ou peut-être  même pas. Il s'en vend combien, le jeudi? Quatre vingt mille, tout au plus. Un lecteur sur dix, peut-être, lit, ou plutôt feuillette le cahier livres. Si ce quotidien  m'avait accordé le privilège rare, et convoité de publier un article sur mon  roman, comme ce fut le cas pour le précédent, huit mille personnes tout au plus en auraient peut-être, et très vaguement, entendu parler. A l'heure qu'il est, après deux mois, j'ai déjà eu plus de quatre cent visiteurs, quatre cent lecteurs potentiels, qui en savent plus sur moi et mon "Pavé" que s'ils avaient parcouru trois articles de Libé.

Qu'ont-ils pensé de mon blog? Du roman? Certains d'entre eux ont-ils envisagé de l'acheter? L'ont-ils fait? L'ont-ils lu? En ont-ils parlé autour d'eux? Le nombre des visiteurs va-t-il continuer à augmenter ?  Jusqu'à quand, jusqu'à où cette croissance peut-elle aller ? Que puis-je faire, pour y aider?Je n'ai pas de réponse à toutes ces questions. Mais c'est la règle du jeu, un jeu qui au jour d'aujourd'hui ne fait que commencer. 

Publié dans BLOG NOTES

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C
Puisque la discrétion de tes visiteurs semble te poser problème je viens modestement t'encourager a continuer ton blog qui est très sympathique. probablement à ton image ?
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E
Eh beh, avec une telle relation, si tu n'es pas publié après, c'est à désesperer... Un bon papier dans Charlie, c'est de la bonne pub pour les bibliothèques ! Moi j'avais eu le droit à un appel au lynchage de Xavier Pasquini en personne pour un de mes livres. Cela ne lui a pas porté bonheur : il est mort peu après !!!
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B
Bonjour Adam et tout d'abord merci d'avoir "remarqué" mes gribouillis! J'aurais adoré faire les illustrations de votre blog, malheureusement, je suis avant tout auteur et étudiante, je crains donc que vous ne soyez que par trop déçu du résultat et des délais!!!<br /> Cependant, je peux proposer à une amie d'illustrer votre blog, elle est illustratrice de profession et son travail est toujours très poétique.<br /> Voici son blog : dellamorte.over-blog.com<br /> Encore merci et à bonne continuation!
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